CoFish - expériences d'un projet co-crée

Tania Jenkins, collaboratrice scientifique et coordinatrice du projet CoFish a mené pendant trois ans ce projet qui a permis à des scientifiques de l’Université de Genève et d’autres institutions autour du Léman et des pêcheuses et pêcheurs du Léman d’élaborer une recherche participative. Grâce à cette collaboration inédite, deux objectifs principaux ont été atteints :

  • Co-produire un projet de recherche participatif entre pêcheurs/euses et chercheurs/euses sur la durabilité des populations de poissons du lac Léman.
  • Évaluer les résultats de l'apprentissage, tant pour les scientifiques que pour les pêcheurs.

Dans l'interview suivante, elle partage ses expériences relatives au projet, aux sciences citoyennes et à la collaboration avec des pêcheuses et pêcheurs, avant de nous donner son meilleur conseil.

CoFish projet

 
Titre du projet : CoFish : « a co-created citizen science project for conservation and scientific literacy »
Eléments clés : un projet co-crée avec les pêcheurs et pêcheuses du Léman
Lieu et durée : Le Léman, 01.02.2021 - 31.07.2024
Responsable du projet : Tania Jenkins, Université de Genève, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Lien vers le projet : https://www.cofish.net/

Le projet CoFish était financé par le Fondation National de la Recherche (CH).

 

 

T Jenkins rund

 


Tania Jenkins est collaboratrice scientifique à l'Université de Genève ainsi que coordinatrice du projet CoFish. En parallèle, elle a fondé sa propre entreprise de consulting,
Cosie (co-creating science, impacting engagement, consulting), dont l'objectif est d'augmenter l'impact sociétal de la recherche.

 

 

 
Interview

Tania, pouvez-vous nous décrire en quelques mots le projet CoFish ?

Le projet CoFish, conçu comme un projet de sciences citoyennes sur la question de la durabilité des populations de poissons du lac Léman, a été mené de février 2021 à juillet 2024. Il a été financé par le Fondation National de la Recherche (CH). Nous avons invité les pêcheurs et les scientifiques à élaborer ensemble un projet de recherche participative sur la pêche dans le lac Léman.

Quelle est l’intention de départ qui vous a amené à réaliser un projet de sciences citoyennes ?

Une passion pour l’eau et le Léman. Une curiosité pour expérimenter une démarche de co-production avec un secteur qui connait beaucoup sur le lac et ses poissons.

Quels ont été vos partenaires, et comment les avez-vous choisis ?

 L’idée du projet a été discutée avec Bruno Strasser et ensuite Bastiaan Ibelings (Institut Forel, UNIGE). Les deux sont très intéressés par le lac et ouverts aux sciences participatives. Notre partenaire principal au début était la FIPAL (Fédération International pour les Pêcheurs Amateurs du Léman) et le président était un ancien scientifique, donc très proche à la science. D’un côté, c’était sa mission de rendre les données scientifiques plus accessibles aux pêcheurs et de l’autre de challenger- si besoin - la base des données scientifiques utilisées pour prendre des décisions politiques de la pêche. C’était donc très bien.

Comment avez-vous élaboré votre projet ? Avec qui ?CoFish aperoUn photo du groupe lors d'un apéro

 Avec les pêcheurs amateurs et professionnels du lac Léman et avec d’autres scientifiques des institutions clés autour du Léman.

Quel a été l’engagement du public ? Quel est l’intérêt de ce type de processus ou de projet pour le public ?

Les participants ont eu la possibilité de participer à chaque étape du développement du projet : co-création de la question de recherche, récolte des données, analyses, communication.
Il y avait des participants qui ont fait qu’une seule étape (e.x. récolte des données) et d’autres qui ont aussi co-crée la ligne de recherche, les questions et la communication.

Quelles contraintes avez-vous rencontrées et comment les avez-vous les dépassées ?

Au début, les participants se méfiaient des scientifiques en raison de leurs expériences passées (par exemple, manque de retour d'information, sentiment d'être exploités). Pour surmonter cette méfiance, il a été utile que les organisatrices et facilitatrices du projet soient neutres et n'aient aucune expérience préalable de travail avec des pêcheurs et des scientifiques spécialistes des lacs.

Quels bénéfices et compétences avez-vous obtenus au cours de la réalisation du projet ?

La capacité d’écoute, de faciliter et de sortir de ma zone de confort plusieurs fois.

Quoi, comment et à qui communiquer au départ, pendant le processus et enfin les résultats ?

cofish communiquer klIllustration : Laetitia ChapuisDans un premier temps, nous avons contacté tous les acteurs.rices de la pêche de la région par téléphone ou par e-mail. Nous avons même mené des campagnes d'affichage dans les ports et les magasins de pêche. Afin de rencontrer les pêcheurs professionnels, j'ai visité leurs cabanes et assisté à un événement national autour de la pêche professionnelle pour les rencontrer.

Tout au long du processus, nous avons communiqué par le biais d'ateliers et, entre ceux-ci, via un groupe WhatsApp, qui a été choisi comme moyen de communication le plus approprié par les pêcheurs. Les pêcheurs ont également communiqué sur le projet lors de leurs assemblées et réunions, dans leurs newsletters et sur les réseaux sociaux. Les résultats ont été discutés et communiqués lors de nos réunions internes et lors de la cérémonie de clôture du projet, à laquelle ont également participé certains autorités et représentants des cantons. Une pêcheuse a également représenté le projet lors de la Rencontre de l'Eau. Les résultats ont été rédigés pour publication par une équipe de scientifiques et pêcheurs et sont en cours d’être évaluer pour publication dans une revue scientifique. Nous avons également co-élaboré un guide de bonnes pratiques.

 

Quels éléments perdurent après le projet, par exemples en matière de coopérations, de processus de travail, de nouvelles compétences, de nouveaux publics ?

La relation avec les personnes impliquées et le souhait de continuer de collaborer.

Une dernière question : quel est le meilleur conseil que vous puissiez donner à quelqu’un qui veux lancer un projet de Citizen Science ?

Il y a énormément des guides et de conseils et de méthodes, mais souvent en tant que organisateur.rice c’est aussi utile de se lâcher. « Go with the flow », comme on dit en anglais. Un processus de co-création aboutit souvent à des résultats imprévus et surprenants.

Merci beaucoup pour votre temps et l’interview.

carte cofish 2021 2024 klCarte des participants et acteurs, illustration de Laetitia Chapuis

Publie le 19.05.2025

Tags:
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